Les boucles invisibles : ces cercles qu’on ne brise pas
Toujours attiré·e par le même type de personne? Le même genre de job? Les mêmes blocages?
Et si le cerveau jouait en boucle une partition bien rodée — mais dépassée?
Les neurosciences et la psychologie comportementale ont mis en lumière un mécanisme fascinant : notre cerveau adore la répétition. Même lorsque ces schémas ne nous conviennent plus, ils nous rassurent par leur familiarité. En comprenant comment se forment nos « routes neuronales », et pourquoi certaines croyances (sur nous, les autres, le monde) persistent malgré l’évidence, on peut commencer à les déconstruire. Sortir d’un schéma, c’est avant tout créer une alternative plus séduisante que l’ancien réflexe. Cela demande du temps, de la conscience de soi, et parfois un peu d’audace. Mais chaque nouveau choix, même minime, peut devenir le premier pas vers un scénario plus aligné.
Des travaux menés en thérapie systémique et en neurosciences affectives montrent que nos circuits émotionnels se forment dès l’enfance, dans l’interaction avec nos figures d’attachement. John Bowlby, père de la théorie de l’attachement, a démontré que les schémas relationnels précoces se rejouent à l’âge adulte, jusqu’à ce qu’ils soient conscientisés. Ainsi, une personne ayant appris enfant que l’amour devait se mériter aura tendance à rechercher inconsciemment des relations exigeantes, voire toxiques. Ce n’est pas un manque de volonté, c’est une mémoire émotionnelle. Et c’est précisément parce que ces schémas sont logés si profondément… qu’ils méritent toute notre tendresse lorsqu’on commence à les déconstruire.
Changer, ce n’est pas renier ce qu’on a été, mais offrir à son histoire un nouveau chapitre. Cela commence souvent par une simple question : “Et si je faisais autrement, juste cette fois?”.
Avec la répétition consciente de nouvelles actions, de nouvelles pensées, les anciens chemins s’effacent peu à peu. Il ne s’agit pas de devenir quelqu’un d’autre, mais de se rappeler qu’on peut toujours devenir plus soi.
Tu n’es pas condamné·e à rejouer le passé — tu peux en devenir l’auteur.
Sheryne ZIARH
Photo: jesse orrico sur Unsplash